Ce documentaire de 2005 réalisée par Manon Loizeau décrit déjà à l'époque la façon avec laquelle la CIA prépare les révolutions colorées un peu partout dans le monde afin de porter au pouvoir un régime qui soit favorable à ses intérêts. On comprends ainsi ce qui se trame derrière les changements successifs de régime sur fond de mouvements sociaux légitimes.
Comment la CIA prépare les révolutions colorées (2005)
Dans un des articles précédant, nous sommes revenus sur la « Stratégie du Choc », décrite par Naomi Klein, appliquée afin de poursuivre des objectifs de domination politique, géopolitique, économique et militaire.
Si sa mise en œuvre était prédominante au cours de la Guerre Froide, afin notamment de procéder aux renversements de régimes, il apparaît que de nouvelles stratégies d’ingénierie sociale plus évoluées, en apparence discrètes et légitimes, aient permise aux administrations sous domination néoconservatrice d’arriver à leurs fins. C’est ainsi que l’on a vu apparaître des mouvements sociaux présentés comme spontanés, émanations de peuples en soif de liberté, et surtout avide de rentrer de plein pieds dans le sain des sains : le monde merveilleux de la consommation de masse.
Affublés de noms toujours plus chouette (révolution des roses, des tulipes, du cèdre), plus fun (orange, pourpre, bleu, vert…) plus doux (jasmin, lotus, tulipes..), plus… « j’espère vraiment qu’ils vont gagner! » par nos médias, tous plus indépendants les uns que les autres face aux enjeux économiques et géopolitiques qui se jouent dans les régions concernées, ces événements permettent objectivement tantôt:
- à l’OTAN de remplir des objectifs stratégiques (containment de la Russie en Géorgie et en Ukraine)
- à des compagnies occidentales de mettre la main sur des ressources en matières premières
- d’empêcher toute tentative d’émancipation de pays jusque là sous contrôle (l’Afrique vis-à-vis de la France comme on l’a vu dans le cas de la Libye de Kadhafi, l’Irak de Saddam, et maintenant la Syrie de Assad)
- d’empêcher des projets de coopération concurrents à l’échelle régionale (« Guerre des Gazoducs » entre projet Iranien soutenu par les Russes, et projet qatari soutenu par les US)
En revanche, pas de mots doux, et peu de cas des « révolutions » de ce type lorsqu’elle mettent en péril des régimes dans le bon camp (cas particulièrement criant de Bahreïn, tout comme le Yémen actuellement). « L’intérêt » de ces deux cas étant de mettre en lumière le formidable « deux poids deux mesures » (pour ne pas dire l’arnaque totale) des causes prétendument défendus par nos politiques dans ces affaires.
Il n’est pas question ici de revenir sur les grognes sociales légitimes sur lesquels s’appuient ces phénomènes, mais de mettre en évidence le rôle déterminant joué par les services secrets occidentaux, en particulier la CIA, dans la fomentation de ce qui s’avère être une arme redoutable.
On sera particulièrement frappé dans ce documentaire, réalisée en 2005, par son exactitude voire son côté prophétique lorsqu’on le visionne avec le recul des événements qui se sont produits depuis 10 ans.